Une page méconnue du passé de la ville

Récemment, à l'occasion des cérémonies commémoratives de la Grande Guerre, la chaîne de télévision F2 a diffusé un film en forme d'hommage à un grand savant français Madame Marie Curie. « Marie Curie – Une femme au front ». Après bien d'autres exploits scientifiques, dont la découverte du radium, le film nous a montré Madame Curie introduisant dans les hôpitaux de campagne au cœur des batailles, contre l'avis d'une hiérarchie militaire réactionnaire et suffisante, la radiologie permettant de localiser avec précision les éclats de mitraille dans le corps des blessés. Elle a ainsi permis d'éviter un grand nombre d'amputations et de sauver la vie de nombreux blessés graves.

Au cours du déroulement de ce film nous avons pu voir apparaître le nom de Gérardmer et celui du docteur CLAUDIUS REGAUD, médecin et scientifique collaborateur de madame Curie injustement oublié malgré son apport considérable dans la lutte contre le cancer par l'emploi de la radiothérapie.

En 1915 le docteur REGAUD fut affecté en qualité de médecin militaire à l'hôpital de campagne installé dans la ville d'abord dans la gare et plus tard dans un hôtel local. Effaré par les constatations qu'il fit du traitement réservé aux blessés par les médecins militaires plus bouchers que médecins il entreprit, lui aussi contre l'avis de la hiérarchie militaire, de réformer profondément l'unité de soin dont il avait la charge. C'est ainsi qu'on estime qu'il sauva de l'amputation plusieurs milliers de blessés et au moins 50% d'entre-eux d'une mort quasi certaine. Devant le succès de ses méthodes la médecine militaire fit de grands progrès et se développa sur tous les champs de batailles.

A la suite de la diffusion de ce film qui a révélé à beaucoup de nos concitoyens l'existence de cet homme, véritable héros de la science médicale, le Club Cartophile de la ville et de nombreux gérômois ont exprimé le souhait que soit rendu localement hommage à ce grand homme. La municipalité est saisie de l'affaire... mais chut... nous n'en dirons pas plus pour lui laisser la primeur d'une annonce qui pourrait faire un certain bruit.

 

Pour conclure nous ne pouvons que donner ici des extraits d'un article paru dans le journal Paris Normandie du 9/11/14 :

 

En 1914.../... Dès les premiers jours de la guerre, la femme de science (NDLR : Marie Curie) pressent quel usage pratique pourra être fait des rayons X dans le traitement des blessés. Malgré le soutien du professeur Béclère, grand défenseur de la radiologie en médecine, tout reste à faire dans ce domaine. femme d’action la double prix Nobel va s’y jeter à corps perdu, de toutes ses forces, utilisant toute son obstination, sa réputation, son entregent, sa force de persuasion pour secouer la hiérarchie militaire, rassembler du matériel, des véhicules, former des opératrices, se rendre elle-même près du front, là où la radiologie peut sauver des vies humaines. Et elle en sauvera..../...

Parcours croisés : Une découverte vient rarement seule... « Notre seconde chance, poursuit Marie-Noëlle Humbert (NDLR : Co-scénariste du film), c’est d’avoir croisé en cours de route un autre personnage méconnu, et même pratiquement tombé dans l’oubli : Claudius Regaud, pourtant l’un des fondateurs du traitement du cancer par radiothérapie. » Marie Curie et Claudius Regaud se sont croisés à l’institut Pasteur. La guerre les sépare. Regaud part diriger un hôpital militaire à Gérardmer. Il y tient tête aux ordres d’évacuation à tout prix des blessés, coûteuse en vies humaines. Quand le scandale de la prise en charge des blessés éclate publiquement, Regaud le rebelle devient un héros, reçoit la Légion d’honneur et est appelé au secrétariat d’État chargé de la Santé, où il créera le modèle d’un centre moderne de traitement des plaies de guerre. « Pendant longtemps, on a beaucoup sous-estimé la collaboration entre Marie Curie et Claudius Regaud, reprend Marie-Noëlle Himbert. On les imaginait distants l’un de l’autre. Il n’en est rien. Pendant mes recherches, le Musée Curie a trouvé une lettre de l’automne 1917 que Marie adresse à Claudius. Elle a bien sûr suivi son parcours pendant la guerre. Elle demande à le rencontrer. Cette lettre prouve que Marie Curie est à l’origine de la transformation de l’Institut du radium de centre de recherches en centre de soins. C’est l’acte fondateur du premier centre de lutte contre le cancer ! ». En somme, Marie Curie et Claudius Regaud, c’est plutôt un rendez-vous différé. « La guerre les a transformés. Marie Curie a vécu au contact des blessés, d’une souffrance autre que la sienne et qu’elle pouvait apaiser. Claudius Regaud a découvert en lui des talents et une force qu’il ne soupçonnait pas. »

Christophe Kechroud-Gibassier

 

Pour en savoir plus : http://musee.curie.fr/media/files/Claudius_Regaud.pdf

Suite : https://meyonville.blogspot.com/2018/03/une-autre-page-meconnue.html