DU PRE DE "MAÏA" A GERARDMER

Ca se précise et ça se complique!

Dans un paragraphe précédent, et bien qu'on en ait jamais trouvé de trace ailleurs que dans la plaine du Rhin, nous avons souligné que certains auteurs faisaient état d'une race primitive, des époques préglaciaires, qui aurait pu s'installer dans nos contrées. Ils indiquent également qu'une autre race, plus récente, aurait pu s'y installer aux temps paléolithiques et néolithiques. On ne connaît rien ou pas grand chose de ces peuples anciens.

Il faut attendre l'arrivée des peuplements celtiques et gaulois pour commencer de s'en faire une idée un peu précise. Cependant, les avancées de la science moderne montrent que des peuples venues d'Asie et d'Asie mineure auraient, peu à peu, colonisé les régions septentrionales de l'Europe et absorbé les peuples existants, issus de migrations plus anciennes. Quoi qu'il en soit, et malgré la mise au jour de quelques rares témoins, notre région est loin d'avoir livré ses secrets relatifs à ce point d'histoire.

Selon l’histoire officielle : Vers l'an 1050 un personnage connu sous le nom de Bilon vient s'établir à Longemer dans les environs de Gérardmer. A peu près à la même époque, un autre ermite se serait installé dans le parage de l'actuelle chapelle du cimetière, au village de Champ. De là, il aurait propagé le culte de saint- Gérard(?). Un autre aurait pu s'établir du côté de Ramberchamp (le champ de Rambert?). Vers 1070 le duc, Gérard d'Alsace, aurait fait construire une maison à Champ. Selon les auteurs le duc Gérard serait né en 1020. Il serait devenu duc héréditaire de Lorraine vers 1050. Sa mort serait intervenue en 1070, à Remiremont, dans le moment même de la fondation de sa maison de Gérardmer, dont rien ne prouve qu'il l'ait vu terminée ni même commencée. Ni même qu’elle ait existé. De plus, aucune source n’atteste de l’existence d’un ermitage précédent, alors que vingt ans, seulement, paraissent avoir séparé l’occupation de l’hypothétique ermite de Champ et la construction du Me(a)ix de Gérard d’Alsace.

A cette époque, comme nous l'avons déjà écrit à la suite de nombreux auteurs, Gérardmer ne se compose que de quelques fermes, pour quelques-unes regroupées sur l'espace et les parages de Champ. Le nom actuel de la ville apparaît pour la première fois dans la copie d’un acte juridique daté de 1285 sous la forme Géramer (acte de Ferry III) puis il se modifie en Giramoix, Giralmeiz, Giralmeix, Gyramer, Geroltzse, Geroltzehe, Geroltzsee, Giralmer, Giramer, Gyramei, Giramei, Giramey, Giralmei, Gyraulmey, Giradmer, Girameix, Gérameix, Giraulmeix Giraulmer, Guraumeix, Gerentsee, Geroltsee, Giradmer, Geramer, Girardmaei, Gérardmer, Giralmey Giraumey, Girarmer, Jerosmé, Girardmer, Girarmer, Gérardmi, Gérardmer, Giraumeix. Il semble s’être définitivement fixé en GERARDMER au 19ème siècle.

Il est à rappeler que, selon l’Abbé Gilbert, qui fut curé de la paroisse au début du 20ème siècle, l’acte de Ferry III daté de 1285 était initialement écrit en Français. Il fut par la suite traduit en latin.

L’original s’étant perdu, c’est une copie de cette transcription latine, datée du 16ème siècle, qui nous est parvenue. Quel crédit accorder à de tels documents? Quand bien même ils seraient incontestables, "ils ne prouvent en aucune manière que Gérardmer existait en tant que village constitué avant 1285, ni que l’ordonnance de Ferry III ait trouvé à s’appliquer dès sa promulgation" (Cf : Abbé Gilbert).

Si l’on examine les différentes orthographes du nom de la ville on voit que :

La référence à GERARD apparaît à des époques différentes 2 fois sur 36 mentions

La référence GERAU(?) – GERO apparaît 4 fois (JERO pour 1 fois)

La référence GER apparaît 11 fois

La référence GIR - GIRO – GYRO apparaît plus de 20 fois

La référence MEIX apparaît 12 fois, celle de MER ressortant une vingtaine de fois sous des formes variables. Il n'y a aucune mention d'une référence MAIX.

La répétition importante du préfixe GIR devrait attirer et retenir l’attention. Ce préfixe, qui indique une idée de mouvement circulaire (giration, gyroscope…), est peut-être à rapprocher du fait qu’un habitat primitif pourrait s’être situé "autour et proche du Lac".

Peut-être faut-il mettre cela en relation avec le fait, qu’aujourd’hui encore, l’une des promenades favorites des Gérômois est de faire à pied "le tour du lac" (entre 6 et 7km). Comme si cette mer intérieure exerçait toujours sur l’esprit local une attirance particulière. Si l’on observe le sens de rotation des promeneurs partant de la ville, on voit qu’ils circulent assez fréquemment, de manière naturelle, "dextrorsum", en laissant le lac à main droite, de l’est vers l’ouest par le sud, et, de là, vers l’orient par le nord. D'où peut-être la formation du nom en GIR-AR-MER qui se traduirait simplement par "(au)Tour du lac".

S’ils sont observateurs attentifs, les promeneurs voient qu’ils passent sous le regard de quelques points remarquables tels : Le Phény, Mérelle, La Croix des Oiseaux, au nom évocateur pour les Amoureux de l’Art stéganographique, qui ne manqueront pas de faire un détour par "LA KERMESse", un lieu oublié, près d’anciennes mines de manganèse.

Mines encore exploitées pendant la dernière guerre et qui recèlent d’autres trésors minéralogiques propres à justifier la présence d’une Vierge noire dans la vallée.

Ils atteindront le Bout du Lac et sa moraine frontale derrière laquelle le soleil semble se coucher, Rougimont, Les Xettes et leurs mines abandonnées, et d’autres qui forment comme autant de portes…. Mais comme aurait dit Ruyard Kipling… "…Ceci est une autre histoire…".

Les habitants du lieu paraissent s’être toujours appelés des GéRoMoiS. Le fromage local (de type munster/chaumes) s’appelle le GéRoMé. On prononce toujours le nom de la ville en GéRaRMé alors qu’on dit LONJ(g)MER et RETOURNEMER pour les lacs voisins.

On voit bien qu’il y a un rattachement possible du nom à la racine "G-R-M".

Racine qui peut se prononcer Gé-aR-Mé ou Gi-Ra-Mé ou Gé-Ro-Mé... Formes qu’on retrouve dans les idées de GeRMination et dans la désignation des sciences de la terre "GE-ographie" et "GE-nération". Mais n’allons pas trop vite.

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